Je suis perplexe.
Avant d’entamer le sujet du jour qui me laisse perplexe, voici tout d'abord la bonne nouvelle : j’ai l’intérieur du crâne nickel, pas de mini-tumeur à l’horizon, c’est tout beau tout propre comme il faut. Une vraie bulle de lumière. Pourtant, et j'en ai un peu honte car j'aurais dû remercier le ciel, je n'ai pas réussi à rentrer sereine et heureuse, mais plutôt perdue, la boule au ventre... Car nous avons abordé la question pma. Aborder, c'est bien le terme, nous ne sommes pas allés bien loin... Ce qu'elle m'a dit - le peu qu'elle m'en a dit - me reste en travers... En fait, je n'ai rien appris de plus, son discours est resté le même, pas vraiment clair à mes yeux, me laissant face à mes choix, mes interrogations...
En gros elle dit qu'en l’état actuel des connaissances de la médecine, on ne peut pas dire qu'une fiv n’est pas sans danger. Et même si on sait que ma tumeur n’était pas réceptive à la progestérone (= son développement n’est pas lié à la prise d’hormones), ça ne veut rien dire pour la suite. Car les tumeurs se nourrissent d’hormones... Elle m'a dit que je dois savoir ça et que le reste m'appartient, relève de mes choix, d'un risque que je prends si je le veux, mais en mon âme et conscience...
Après ça, je sors mi-heureuse, mi-effondrée. Frustrée aussi. J'avais besoin d'être éclairée, de savoir les vrais risques. Sur le moment j'ai pensé "ça y est, c’est fini, adieu l’Espagne". Et je me suis trimballée une boule toute la journée. Le soir je raconte brièvement toute l'histoire à mpm, on est en voiture, pressés, en retard... Lui, soudain m'apporte un autre regard. Plus positif, plus entreprenant, plus osé... « Si elle t’a dit qu’elle ne pouvait pas t’assurer que ce n’est pas sans risque, elle ne peut pas prouver non plus que c’est risqué. Tu tiens tellement à cet enfant, moi aussi j'y tiens. On fera ce que tu veux, mais puisque tu me demandes ce que je ferais moi, et bien j’essayerais." J'ESSAYERAIS !!!!! Il a dit ça mon mari. Je ne m'y attendais pas. Je pensais qu'il penserait d'abord à ma santé, à ne pas prendre le risque. "La vie n’est pas sans risque, a-t-il ajouté, rien ne se fait sans risque. Dès que tu fais un enfant, tu prends des risques, tu as des risques pendant la grossesse, pendant l’accouchement, la maman peut y passer, quand l’enfant est là, il y a des risques aussi, la vie est pleine de risques, et si l’on ne risque rien, on ne fait rien, on ne vit rien. » Position surprenante pour un homme qui, par ailleurs, calcule beaucoup (les risques entre autres), agit après avoir mûrement réfléchi...
Je ne peux pas dire que je me suis sentie regonflée par son point de vue mais plutôt troublée. Je n'avais rien de tout ça en tête. Je pensais juste que j'avais une épée au-dessus de la tête qui risquait fort de me tomber dessus. Le méningiome est peut-être trop récent pour que je sois détachée et audacieuse dans mes choix. Oui, j'ai peur que ça revienne. Je ne vis pas avec cette peur, mais c'est tout de même encore pregnant, je m'en rends compte à ma réaction... Mais nous n'avions pas le temps, et ce n'était pas le lieu d'en parler plus, nous y reviendrons. Pour l'heure, l'idée de faire une fiv avec ça en tête ne me réjouit pas. L'idée d'abandonner me désespère. Je me sens dans une impasse.
Plus concrètement, nous avons prévu de demander l’avis d’un neurochirurgien, ami de ma belle-mère, qui avait été très réconfortant avec moi. Je pense aussi demander l'avis de gygy. Et contacter Procréatec.
Vais-je faire un fiv do en Espagne, sachant que ce n’est pas sans risque de développer une nouvelle tumeur ?
Telle est la question !
Cette question me rend dingue. Je n'ai pas (encore) la réponse. Et en ce J1 qui ne compte pour rien, je suis aussi épuisée. Lasse de tous ces mois de lutte dans le travail, lasse d'avoir le sentiment de piétiner... Ce soir, je ne suis plus capable de penser, mais il est certain que les choses ne s'arrêtent pas là...