Avant de créer ce blog, j'ai écrit ailleurs, sur mon ordi, dès que nous avons su que c'était fini... C'est venu comme ça, d'une traite. Les lignes qui suivent, je les ai écrites en octobre, deux jours après cette écho fatidique, avec des larmes plein les yeux. De là, est né le nom de ce blog.
A propos de toi
Tu étais là. Nous t'avons vu. Sur cet écran noir. Mais étrangement, tu n'es pas ou tu n'es plus, ou n'a jamais été vraiment. Ou si peu. Je crois que je t'en veux un peu. C'est cruel à dire Trésor, mais ces quelques millimètres de toi ne font pas de toi une vie, ni de notre vie une promesse de bonheur. L’échographe l’a dit, de son français mal assuré, à l’accent acéré d’un pays de l’Est, d’un pays du froid : « Je vais vérifier, bien regarder… non, je suis désolé, il fait six millimètres, il aurait dû faire entre quatorze et vingt-deux ».
Et puis ton cœur ne battait pas.
Résonne encore dans ma tête ce son uniforme et sans âme que crachotait la machine et qui nous assénait que seul subsistait en mon ventre le néant.
Tout s'est arrêté sans que je le sache, sans aucun signe. Aucun signe en tout cas que je n’ai pu ou voulu entendre (quoi que ? *). Pourtant une appréhension me tenaillait ce matin-là, pour cette écho fatidique, était-ce un signe qu’une partie de moi savait, logée dans un autre niveau de conscience. Qui peut le dire ?
Mais tu as été si discret Trésor. Je t'imaginais tu sais, je te parlais, je pensais à chaque jour qui devait voir naître une nouvelle partie de toi. J'avais peur aussi, peur de te perdre, une peur glaciale, toujours présente. Il fallait passer ce cap des trois mois, des montagnes de jours qui semblaient infranchissables. Il faut dire que le chemin pour arriver à toi, pour que tu viennes à nous s’est avéré si long, si périlleux. Alors forcément, tu es devenu notre bien le plus précieux. Notre Petit Trésor.
Sous l'emprise de mes vieilles superstitions, il m'est arrivé de me dire "C'est trop beau, ça m’est arrivé à moi. Je suis enceinte"... ça me semblait complètement incroyable. J'avais l'impression que l'on venait de m'offrir un cadeau merveilleux qui ne m'était pas réellement destiné. Que ce présent-là n'était pas pour moi, trop énorme. Ce mot magique « enceinte » était d’une puissance et d’une fragilité telles qu’il ne fallait pas trop le prononcer, à peine le murmurer. Je l’usais avec parcimonie, précautionneusement. Je l’ai peu employé finalement. Mes superstitions auront-elles eu raison de toi ? Je ne le crois pas, non, bien sûr que non. Mais elles ont encore la vie dure et la vie leur donne encore raison... Adieu mon petit trésor.
* une nuit d'octobre, jai fait un rêve étrange, j'ai eu des douleurs à l'estomac et je me suis réveillée, mal et en pleurs. L'écho a confirmé que c'était bien cette nuit là que tout s'est arrêté : entre le 10 et 11 octobre.