Nos émotions d'hier :
Je les ai encore en tête et je me refais le film, toute heureuse, malgré quelques petites péripéties... et j'ai envie de les graver dans ma mémoire ces images, je
les grave déjà en mots sur mon ordi....
Hier, donc, transfert :
D'abord, j'étais bien contente que le rendez-vous de 14h soit avancé à 11H (même s l'appel la veille m'avait fait des frayeurs)
Nous arrivons à l'heure, la salle est encore pleine à craquer de ponctionnées à la petite mine qui attendent le feu vert pour partir. La salle se vide peu à
peu, l'infirmière vient nous chercher et nous emmène dans cette salle que je connais si bien, avec son écran plat au mur, son passe-plat pour les embryons, ses machines et son superbe
fauteuil à étrier méga confort...
Le médecin arrive à son tour, tiens, je ne le connaissais pas lui (un beau gosse qui va me trifouiller entre les jambes, gloups...). On rengorge sa fierté, on se
met en selle (enfin, moi, je veux dire, pouquoi je dis "on" tout à coup)...
L’attirail est en place, la sonde me compresse la vessie comme il faut (c'est à dire, c'est horrible), mais apparemment, ça ne va pas : je n’ai pas bu assez d’eau,
pas assez de visibilité !!! Et vla’t’y pas qu’il retire le tout et me dit gentiment qu’il faut que je boive un peu plus et qu’il revient dans 10 mn. Je suis verte.
On patiente gentiment au début, chéri me raconte des histoires drôles qui me font par rire, on parle de tout et de rien, on finit par être de plus en plus
silencieux... 3/4 de litre plus tard, mais aussi trois quart d’heure plus tard, mais qu’est-ce qu’il f… ?
Je n’y tiens plus. De la fenêtre du passe-plat, la laborantine, semble aussi s’étonner, elle a passé deux fois la tête pour voir si le médecin était
revenu. Mon amour me sauve en allant dire à l’infirmière que je suis à deux doigts de faire pipi là.
Ouf, il revient, « mais ce n’est pas tout », comme on dit dans les reportages télé : bon, il remet l’attirail, re-sonde (encore plus
horrible, vous imaginez), il enfile le cathéter et il s’arrête : « J’y arrive pas ». "Quoi, comment ça ?! ça veut dire quoi ?! D’abord pas très causant et très concentré, il finit
par comprendre mon stress, il explique qu’il doit recommencer, le cathéter s’est ramolli... Mes jambes commencent à flageoler... Rebelote, vessie toujours comprimée, il appelle la laborantine
pour qu'elle remballe les embryons, il cherche un truc qu'il trouve pas, l'infirmière lâche la sonde et s'y met, ils trouvent enfin, il rappelle la laborantine qui ne revient pas "je ne sais pas
si elle m'entend, dit-il", je suggère que chéri aille crier "c'est bon, on est prêts !". Elle arrive pas, j’ai l’impression que ça va jamais finir, mais pour finir, elle revient quand même
et le cathéter est cette fois bien en place "vous le voyez là ?" oui oui je le vois, je dis gentiment, en pensant plus férocement : "allez".
Mais le miracle arrive enfin, je vois une petite lumière blanche qui jaillit sur l’écran plat, en direct de mon utérus, nos trois petits embryons sont
arrivés à bon port... Quel soulagement.
Quelle histoire. Quel moment. Quel stress. Quelle joie. Quelle émotion.
La suite est plus drôle, bien que je doive encore rester vingt minutes allongée, toujours vessie pleine, mais cette fois, nous sommes tous les deux,
seuls, mon amour et moi, dans la salle de réveil.
Il a un visage radieux qui me donne envie de le prendre dans mes bras, de le couvrir de baisers, un visage tellement lumineux et serein qui me laisse
entrevoir quel papa merveilleux il pourra(it) être. Je me dis combien j’aimerais le voir papa. Je voudrais le croquer tout cru; là dans la salle de réveil !
Pour passer le temps, il me réexplique le coup du cathéter ramolli, et refait tout le processus, se disant beaucoup plus au fait maintenant, et très fier
de l’être.
Et puis soudain, il a deux remarques inattendues qui me font rire (je pense alors à l’une d’entre vous qui parlait de rire après le transfert), il le fait
pas exprès, il a même peur que mon rire bouscule les petits. Mais c’est plus fort que moi, un court fou rire – un peu haché – me prend quand il me dit :
« bon, je peux aller faire un petit pipi moi ? »,et d’enchaîner
« tu veux boire un peu »,
ce qui me fait rire par dessus tout, c'est cette façon de le dire, très sérieuse…
Les vingt minutes de bonheur et de gêne urinaire sont écoulées, je peux aller soulager ma vessie, d'un tout petit filet : tiens, pas plus que ça ? avec
une pensée idiote : pourvu qu'ils tombent pas...
Ah qu'est-ce qu'on se marre en pma...